LA REVUE MOUTARDE

La revue sur le qui-vive

 

 

 

N°7

 

 

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François Aubert, spécialiste de Corneille

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Scribouillage : Compte-rendu de Scrabble

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En cours de rédaction

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Arthur Maiev 

(193?-1966)

Conférence 3

 

06-08-2.006

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Arthur Maiev (193 ?-1966)

Conférence 3


 

 

Conférence donnée le 23 Mars par Eugène De La Foi, professeur de Littérature comparée, assiste de Mr. Jean Collenot, acteur, pour la lecture d’extraits.

 

Le périple danois d’Arthur laisse transparaître une volonté d’élégance dans les images et d’originalité dans les formules. La tentative est malheureuse : les métaphores usitées figurent parmi les plus saugrenues de la littérature hongroise. Monsieur Collenot procédez a votre office je vous prie.

 

Etait-ce un bourgeon de lumière sur cet orifice feuillu ?

Etait-ce un noyau laiteux qui serpentait aux abords écumants de la charmille ?

Non.

C’était un grain de soleil noyé dans les rayons cuivrés de l’automne… 

Et nous dormions dans ses crénelures.

Et nous caressant d’ondes tièdes,

L’azur s’allongeait sur les champs…

Une peau diaphane dans le zéphyr.

 

(Automne 1943)

 

Monsieur Collenot a su retranscrire le caractère incongru de cette poésie de la fascination. Je l’en felicite. Si l’on passe sur l’utilisation du terme orifice (homosexualité refoulée etc.), du soleil (opposition a la lune, éducation monoparentale, conflit avec la figure maternelle), et du champs lexical du sommeil (érotisme latent d’un jeune homme à l’onanisme coupable, je ne vous ferai pas l’injure de poursuivre ce type de raisonnement), on est en présence d’un authentique hymne à la nature, dénué de toute originalité, certes ; suintant de symboles outrageusement classiques, certes mais…illustrant une véritable symbiose avec les tertres, les glèbes, les cultures et même les astres ! C’est sur ce point que je voudrais éveiller votre attention. Car c’est par ce truchement de la rêverie et de l’émerveillement face à la nature qu’Arthur Maiev accédera plus tard à cette sensibilité si singulière.

 

 

La maladie de sa mère.

 

 

Tatiana supporte de plus en plus mal le climat rigoureux de Budapest. Il lui faut une heure et demie de marche avant d’atteindre les hauteurs de la ville et le quartier chic de Perenophsic. Là, elle fait le tour des échoppes et de quelques maisonnées pour de basses besognes de nettoyage et de maintien d’enfants. Elle fait la connaissance d’un précepteur français : Joseph Dartois. Un fils de fermiers picards, gandin parvenu mais néanmoins érudit qui a dilapidé le maigre héritage paternel en voyages dans tout l’Est de l’Europe et qui a noyé la somme de son retour en une mémorable beuverie dans des tavernes interlopes de Bucarest (des parents éloignés de Mircea Eliade auraient pris part aux libations si l’on en croit la légende). Tatiana présente alors le jeune français à son fils et une histoire d’amitié s’en suit.

 

Dans cette partie de l’Europe qui émerge du joug nazi (pour s’échouer, avec une pathétique utopie, dans la tourbe communiste), l’économie est très lente à repartir. Je dresse une brève parenthèse pour souligner le caractère misérable de cette foi politique et pour rappeler les erreurs commises par les dirigeants hongrois d’alors…les émeutes des syndicalistes de juin 48, la grève surprise des policiers de la capitale un mois plus tard, et, bien sur, la tragédie de l’assassinat du pamphlétaire renomme Ferec Doskas, le 19 janvier 1949, par le régime en place, trop soucieux de réduire au silence un redoutable polémiste. C’est aussi cela, le communisme…

 

(Un étudiant outré quitte avec fracas l’amphithéâtre ; insultes non retranscrites à l’endroit de Monsieur De La Foi)

 

Lettre à Joseph Dartois

 

Je ne dis pas qu’elle sombre dans la démence, mais parfois elle a ce caractère buté, entêtée comme une mule. Tellement la vieille Magyar typique…à l’idée que je puisse l’abandonner, elle devient une autre personne. Elle me tourmente de laïus, elle m’abomine de remarques, de commentaires sur mon existence dissipée et la corruption de mon esprit…ah, mon vieux Joseph…elle ne m’épargne rien, mais il faudra bien que je parte un jour…t’ai-je parlé de cette position de journaliste dans une gazette basée à Debrecen ? C’est le vieil Hunyadi, le professeur de Géographie orientale qui m’en a entretenu. Le poste ne serait pas disponible avant quelques semaines. Et j’ai besoin d’argent (comme toi à la différence que je ne bois pas mes économies !). Je te verrai samedi après-midi à ton appartement pour t’emprunter les exemplaires d’Esprit, avec les articles d’Emmanuel Mounier dont tu m’as parlé la dernière fois.

 

Correspondance – Lettre à Joseph Dartois – 22 Février 1947)

 

 

(A suivre)