LA REVUE MOUTARDE
Le journal littéraire toujours sur la
brèche

N°2
Numéro
spécial :
Hommage à Honorio Bustos Domecq
(1893-1984)
Il y a vingt ans, le grand écrivain et
théoricien argentin, Honorio Bustos Domecq nous quittait. Pour lui rendre
hommage, nous avons décidé de lui consacrer un numéro au sommaire particulièrement
riche : hommages de Gervasio Montenegro, textes inédits de Bustos Domecq
lui-même et de quelques auteurs qu’il aura contribué à faire découvrir. En
effet, Bustos Domecq aura été un formidable passeur de littérature. Combien
d’auteurs argentins lui sont aujourd’hui redevables d’être connus en Europe :
Federico Juan Carlos Loomis, César Paladion, Manuel Puig, Julio Cortozar,
pour ne citer que quelques uns des plus connus.
Ce numéro sera l’occasion de publier
nombre de documents et de textes inédits en Europe jusqu’à ce jour et de
revenir sur l’œuvre d’un des grands oubliés de la littérature mondiale, trop
souvent réduit en Europe à son rôle d’observateur de la vie littéraire
argentine, ou au mieux d’auteur de romans policiers.
La qualité et le nombre de documents à
publier font que nous préférons, dans la mesure du possible, ne pas rajouter
nos commentaires sur ceux d’autres auteurs plus prestigieux et plus autorisés
que nous à commenter l’œuvre du maître. Nous écrirons davantage dans le
troisième numéro de la revue que l’on peut espérer voir sortir vers la fin du
mois de janvier.
Repère
biographiques :
Nous présentons ici une traduction du
témoignage de mademoiselle Adelma Badoglio qui a
côtoyé le maître et dont les ouvrages, inédits en France pour l’instant,
servent de références incontournables à tous les spécialistes de Bustos Domecq.
«Le
docteur Honorio Bustos Domecq est né dans la ville de Pujato
(province de Santa Fe), en
1893. Après d’intéressantes études primaires, il déménagea avec toute sa
famille dans le « Chicago
argentin ». En 1907, les colonnes des journaux de Rosario accueillaient
les premières productions de ce modeste ami des muses, sans même se douter de
son âge. C’est de cette époque que datent : Vanitas
(Vanités), Los Adelantos
del Progreso (les Avancées
du Progrès), La Patria Azul
y Blanca (La Patrie Bleue et Blanche), A Ella
(A Elle), Nocturnos (Nocturnes). En
1915 il lut devant une assistance choisie, au Centre Balear,
son Ode à l’ « Elégie à la mort de son père », de Jorge
Manrique, prouesse qui lui vaudra une notoriété retentissante mais
éphémère. Cette même année il publia: ¡Ciudadano!
(Citoyen !), œuvre de haut vol, malheureusement enlaidie par
certains gallicismes, imputables à la jeunesse de l’auteur et aux peu de
lumières de l’époque. En 1919 il lance Fata
Morgana, subtile œuvre de circonstances, dont les chants finaux annoncent
déjà le vigoureux prosateur de ¡Hablemos con más propiedad! (Parlons
plus proprement !1932) et de Entre libros
y papeles (Entre livres et papiers, 1934).
Durant l’intervention de Labruna il fut nommé,
d’abord, Inspecteur de l’enseignement, puis Défenseur des pauvres. Loin de la
douceur du foyer, le dur contact avec la réalité lui donna cette expérience qui
est peut-être le plus bel enseignement de son oeuvre. Parmi ses livres nous
citerons: El Congreso Eucarístico
(Le Congrès Eucharistique): órgano de la propaganda argentina (organe de
la propagande argentine); Vida y muerte de don Chicho Grande (Vie et mort de Don Chico
Grande); ¡Ya sé leer! (Je sais lire !) (approuvé
par l’Inspection de l’enseignement de la ville de Rosario); El aporte santafecino a los Ejércitos de la Independencia (L’apport de Santa Fe aux Armées de l’Indepéndance);
Astros nuevos (Astres
nouveaux): Azorín, Gabriel Miró, Bontempelli. Ses
contes policiers dévoilent un nouveau talent du fécond polygraphe : il y veut
combattre le froid intellectualisme dans lequel ont soumis ce genre Sir Conan
Doyle, Ottolenghi, etc. Los
cuentos de Pujato (Les
Contes de Pujato), comme les nomme affectueusement
l’auteur, ne sont pas le filigrane d’un byzantin enfermé dans sa tour d’ivoire;
ils sont la voix d’un contemporain, attentif aux sentiments humains et qui
déverse à coup de plumes les torrents de sa vérité. »
Traduction
Tristan Delamotte