LA REVUE MOUTARDE

 

Le journal littéraire toujours sur la brèche


 


 

 

N°2

13-01-2.004

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Numéro spécial :

Hommage à Honorio Bustos Domecq

(1893-1984)

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

Il y a vingt ans, le grand écrivain et théoricien argentin, Honorio Bustos Domecq nous quittait. Pour lui rendre hommage, nous avons décidé de lui consacrer un numéro au sommaire particulièrement riche : hommages de Gervasio Montenegro, textes inédits de Bustos Domecq lui-même et de quelques auteurs qu’il aura contribué à faire découvrir. En effet, Bustos Domecq aura été un formidable passeur de littérature. Combien d’auteurs argentins lui sont aujourd’hui redevables d’être connus en Europe : Federico Juan Carlos Loomis, César Paladion, Manuel Puig, Julio Cortozar, pour ne citer que quelques uns des plus connus.

Ce numéro sera l’occasion de publier nombre de documents et de textes inédits en Europe jusqu’à ce jour et de revenir sur l’œuvre d’un des grands oubliés de la littérature mondiale, trop souvent réduit en Europe à son rôle d’observateur de la vie littéraire argentine, ou au mieux d’auteur de romans policiers.

La qualité et le nombre de documents à publier font que nous préférons, dans la mesure du possible, ne pas rajouter nos commentaires sur ceux d’autres auteurs plus prestigieux et plus autorisés que nous à commenter l’œuvre du maître. Nous écrirons davantage dans le troisième numéro de la revue que l’on peut espérer voir sortir vers la fin du mois de janvier.

 

 

Repère biographiques :

 

Nous présentons ici une traduction du témoignage de mademoiselle Adelma Badoglio qui a côtoyé le maître et dont les ouvrages, inédits en France pour l’instant, servent de références incontournables à tous les spécialistes de Bustos Domecq.

 

 

 

 «Le docteur Honorio Bustos Domecq est né dans la ville de Pujato (province de Santa Fe), en 1893. Après d’intéressantes études primaires, il déménagea avec toute sa famille dans le  « Chicago argentin ». En 1907, les colonnes des journaux de Rosario accueillaient les premières productions de ce modeste ami des muses, sans même se douter de son âge. C’est de cette époque que datent : Vanitas (Vanités), Los Adelantos del Progreso (les Avancées du Progrès), La Patria Azul y Blanca (La Patrie Bleue et Blanche), A Ella (A Elle), Nocturnos (Nocturnes). En 1915 il lut devant une assistance choisie, au Centre Balear, son Ode à l’ « Elégie à la mort de son père », de Jorge Manrique, prouesse qui lui vaudra une notoriété retentissante mais éphémère. Cette même année il publia: ¡Ciudadano! (Citoyen !), œuvre de haut vol, malheureusement enlaidie par certains gallicismes, imputables à la jeunesse de l’auteur et aux peu de lumières de l’époque. En 1919 il lance Fata Morgana, subtile œuvre de circonstances, dont les chants finaux annoncent déjà le vigoureux prosateur de ¡Hablemos con más propiedad! (Parlons plus proprement !1932) et de Entre libros y papeles (Entre livres et papiers, 1934). Durant l’intervention de Labruna il fut nommé, d’abord, Inspecteur de l’enseignement, puis Défenseur des pauvres. Loin de la douceur du foyer, le dur contact avec la réalité lui donna cette expérience qui est peut-être le plus bel enseignement de son oeuvre. Parmi ses livres nous citerons: El Congreso Eucarístico (Le Congrès Eucharistique): órgano de la propaganda argentina (organe de la propagande argentine); Vida y muerte de don Chicho Grande (Vie et mort de Don Chico Grande); ¡Ya leer! (Je sais lire !) (approuvé par l’Inspection de l’enseignement de la ville de Rosario); El aporte santafecino a los Ejércitos de la Independencia (L’apport de Santa Fe aux Armées de l’Indepéndance); Astros nuevos (Astres nouveaux): Azorín, Gabriel Miró, Bontempelli. Ses contes policiers dévoilent un nouveau talent du fécond polygraphe : il y veut combattre le froid intellectualisme dans lequel ont soumis ce genre Sir Conan Doyle, Ottolenghi, etc. Los cuentos de Pujato (Les Contes de Pujato), comme les nomme affectueusement l’auteur, ne sont pas le filigrane d’un byzantin enfermé dans sa tour d’ivoire; ils sont la voix d’un contemporain, attentif aux sentiments humains et qui déverse à coup de plumes les torrents de sa vérité. »

 

Traduction Tristan Delamotte